Indispensables et idéales pour bouger, les jumelles sont souvent insuffisantes pour observer les oiseaux à longue distance, entre autres en bord de mer, sur des étangs ou encore avec des oiseaux particulièrement farouches. Si vous voulez progresser en ornithologie, et noter plus de détails du plumage, le recours à une longue-vue est souvent nécessaire.

Sans compter que, parfois, vous n’avez pas le choix ! Pour observer certains oiseaux, il convient de respecter une distance de sécurité pour assurer leur tranquillité ou tout simplement pour des raisons légales. Et c’est vrai pour la faune sauvage aussi ! Je vais régulièrement en Baie de Somme, haut lieu pour l’ornithologie, mais qui voit également la présence d’une colonie de phoques (ils sont environ 500). A la pointe du Hourdel, à deux pas de Saint-Valery, vous pourrez très certainement les observer. Mais attention, il est interdit de les approcher à moins de 300 mètres pour respecter leur repos. C’est ici qu’une longue-vue est bien pratique !

Bien entendu, une longue-vue est plus encombrante qu’une paire de jumelles. Il faut au minimum un monopied, en général plutôt un trépied, pour assurer la stabilité et tenant compte du poids. De plus, il faut un temps d’installation, ce qui n’est pas le cas avec les jumelles où l’utilisation est instantanée. Heureusement, les fabricants ont fait d’énormes progrès et les longues-vues sont aujourd’hui plus compactes et légères que dans le passé (aux alentours de 2 kilos tout de même).

Comment choisir sa longue-vue ? Quelles sont les questions à se poser ?

L’objectif ou l’ouverture = pupille d’entrée :
C’est le grand côté, la grande lentille située à l’extrémité de votre œil. Le diamètre est toujours indiqué en mm, comme pour des jumelles, et est souvent indiqué dans le nom du produit. Exemple : Swarovski ATX avec objectif 85 mm ou Kite SP ED 82 mm. C’est par là qu’entre la lumière. Plus le diamètre est grand, plus la quantité de lumière qui entre dans la longue-vue est importante. Mais ces modèles à grande ouverture sont généralement plus encombrants et plus lourds.

L’oculaire :
Il s’agit de la petite lentille où vous placez votre œil. L’oculaire agrandit l’image transmise par l’objectif. Sur certains modèles, vous pouvez changer l’oculaire, par exemple passer d’un oculaire zoom à un oculaire fixe.

Faut-il prendre un oculaire fixe ou un oculaire zoom ?
Les zooms permettent de modifier le grossissement d’une longue-vue. Aujourd’hui, et ce n’était pas le cas dans le passé, les zooms sont quasi de même qualité que les fixes, surtout dans le haut de gamme, comme Swarovski, Zeiss, Leica. Et la majorité des oculaires sont des zooms. Le problème, comme expliqué ci-contre, se pose plus en termes de turbulences atmosphériques sur les plus grands grossissements. Sans compter l’éventuelle difficulté à trouver l’oiseau, car le champ de vision est plus petit. Souvent, avec un zoom, vous allez démarrer la recherche de l’oiseau sur le niveau le plus bas du zoom (par exemple 20x) pour ensuite grossir petit à petit vers les 50 ou 60x lorsque l’oiseau est «capturé» dans la longue-vue.

Qu’en est-il des porteurs de lunettes ?
Tout comme les jumelles, les longues-vues modernes sont adaptées aux porteurs de lunettes. En tout cas, lorsque vous essayer une longue-vue, emmenez vos lunettes pour réaliser le test. Le mieux, plutôt que d’enlever ses lunettes, est d’utiliser la longue-vue avec les lunettes. Ici, c’est la valeur du dégagement oculaire (DO) ou relief d’œil («Eye Relief») qu’il faut prendre en compte. Ce chiffre doit être de minimum 15 mm. Plus le relief d’œil est faible, plus la pupille de l’observateur doit être très proche de l’oculaire pour apprécier l’image.

Choisir une longue-vue terrestre ou astronomique ?
La longue-vue terrestre est adaptée à un usage de terrain: elle est imperméable, robuste, hermétique aux poussières. Chez les bonnes marques, les prismes intérieurs sont protégés à l’intérieur du corps de l’instrument, rempli d’azote. C’est une longue-vue pour l’extérieur, en déplacement. La longue-vue astronomique, plus encombrante et plus fragile, est souvent faite de mécanismes de mise au point extérieurs. Les prismes sont remplacés par un miroir qui transmet une image de meilleure qualité, mais l’image vue est inversée.

Faut-il choisir des verres spéciaux ?
Pas nécessairement ! Cela dépend du budget et de l’usage. La longue-vue aux verres standards conviendra dans de nombreuses conditions d’utilisation. Mais, vous pouvez également choisir une longue-vue aux qualités des verres améliorées, réduisant notamment les aberrations chromatiques et optimisant la transmission de la lumière. Ces verres sont appelés «Fluorite», «ED» ou «HD». Lorsque vous zoomez, si les conditions de lumière sont difficiles, entre autres à l’aurore ou au crépuscule, la différence se verra. Mais ces longues-vues sont plus chères. Tout est de nouveau une question de budget!

Vous souhaitez pratiquer la digiscopie? (soit utiliser votre longue-vue pour prendre des photos) ?
Dans ce cas, la quantité de lumière entrante est importante. Privilégiez donc une longue-vue à grand diamètre d’objectif (>70 mm) et à verres spéciaux, entre autres pour réduire les aberrations chromatiques.

Le service après-vente et la garantie :
Voici deux éléments essentiels à ne pas oublier. Mieux vaut privilégier une longue-vue un peu plus chère mais avec un excellent service après-vente et une longue garantie.

Quelles sont les principales qualités d’une longue-vue ?

  • Un encombrement raisonnable : le poids et la longueur sont importants. Si nécessaire, n’oubliez pas l’existence, chez certaines marques, d’un sac à dos adapté au transport de votre longue-vue, même fixée sur son trépied déployé. Un modèle compact sera préférable si vous voyagez beaucoup, si vous effectuez de longues randonnées et que vous êtes déjà bien chargé (jumelles, pique-nique, appareil-photo, …).
  • Une image lumineuse et contrastée. Et la différence est parfois forte d’une marque à l’autre. Sans compter la netteté et la précision de la mise au point. Testez !
  • Des aberrations chromatiques limitées ou absentes (grâce à des traitements appropriés des verres). Mais ça se ressent au niveau du prix.
  • La robustesse. Mettez au moins une housse de protection. Certains modèles ont, en plus, un revêtement en caoutchouc.
  • Une ergonomie agréable, avec une molette de mise au point rapide et précise. Et, carrément, sur le modèle à deux oculaires (comme des jumelles), le repose-front est un fameux plus.
  • Un pas de vis universel afin de pouvoir fixer la longue-vue sur tous les trépieds et supports.

Quelles marques reconnues par les ornithologues :

  • Longues-vues haut de gamme : Swarovski, Leica, Kowa, Zeiss.
  • Longues-vues de gamme moyenne : Viking, Bushnell, Kite, Minox, Pentax, Vortex, Bresser, Nikon, Celestron, Opticron, Hawke, Meopta, Kowa.
  • Longues-vues d’entrée de gamme : Viking, Bushnell, Kite, Bresser, Minox, Olivon.

Comment utiliser le trépied et la longue-vue ?

En raison de ses capacités de grossissement environ deux à six fois plus élevées que celles des jumelles, la longuevue est d’un maniement plus délicat, mais l’habitude fera vite l’affaire. Avant tout, assurez-vous de son assise parfaite ; le trépied doit être bien d’équerre, stable, et à bonne hauteur par rapport à vos yeux, le plus à l’abri du vent et de la pluie. En cas d’urgence, vous pouvez appuyer votre instrument sur un tronc couché, un muret ou un toit de voiture, à condition d’intercaler un quelconque coussin, une écharpe, un gant …, qui fera office d’amortisseur, mais c’est un pis-aller…

Mise au point et recherche des oiseaux à l’oculaire doivent se faire mm par mm, puisqu’à 1000 mètres de distance, le champ de vision d’une longue-vue grossissant 20x sera inférieur à 50 m. Quand tous les réglages sont faits, il est préférable de bloquer la rotule du trépied pour stabiliser le tout. Evitez également d’aller cogner l’arcade sourcilière sur l’oculaire. Un modèle, la longue-vue Swarovski BTX, propose, et c’est une nouveauté mondiale, un repose-front, géniale invention permettant de ne pas cogner, tout en reposant la tête. Beaucoup moins fatiguant quand vous restez de longues minutes à observer.

 

Pour choisir votre longue-vue, n’hésitez pas à vous faire conseiller par un professionnel, à en parler avec des ornithologues utilisateurs, à tester l’un ou l’autre modèle sur le terrain et…, à fixer votre budget, car les prix démarrent à 150€ pour monter au-delà des 4000€! Prenez cependant le temps, ne vous précipitez pas sur un modèle trop «bas de gamme», vous serez vite déçu. Il vaut mieux différer un peu votre achat afin d’acquérir un produit de bonne qualité, et le reste de l’équipement dont il faut également tenir compte dans votre budget: trépied, rotule, housse de protection, sac à dos … Ensuite, c’est parti ! Les oiseaux n’auront plus de secret pour vous. Quel plaisir de les observer avec une bonne longue-vue bien lumineuse !